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L'art pousse sur les pavés et façades

S.L. Publié le - Mis à jour le 

GAZETTE DE LIÉGE

Elles n'habillent pas seulement la ville: elles l'animent. Qu'elles suscitent l'admiration, l'étonnement, l'agacement ou le rejet, force est de constater qu'elles laissent rarement indifférent. Des oeuvres d'art urbain naissent aux quatre coins de la ville de Liège. Sur les façades et les places publiques, les cabines électriques et les palissades de chantier. «Elles embellissent le cadre de vie des quartiers en difficulté; elles mettent en rapport des artistes et un public hétérogène: ces créateurs prennent le risque de sortir des murs habituels (galeries et musées) pour aller là où on ne les attend pas» applaudit l'échevin Michel Firket, en charge du Cadre de vie.

Et cela n'est pas prêt de s'arrêter: l'agenda 2003 de l'art urbain à Liège contient déjà une vingtaine de projets. La plupart s'inscrivent dans le cadre de l'opération Paliss'Art, née de la rencontre entre deux souhaits: celui d'artistes liégeois de développer cet «art public», et celui de l'échevinat de donner des couleurs à la Ville, et à ses blessures. Le projet est soutenu par le Plan fédéral des grandes villes et des partenaires privés. Les artistes travaillent bénévolement ou à peu près.

Depuis quelques jours, une grande toile réalisée par Benoît Geers orne ainsi un mur de la place du commissaire Maigret (derrière l'Hôtel de Ville) : une photo de Simenon âgé de 15 ans. Des phrases extraites d'un de ses romans s'échappent, telle la fumée de sa cigarette...

OEuvres «poubelles»

L'Année Simenon a aussi inspiré une grande manifestation d'art public. En mai, sur le circuit touristique dédié à l'écrivain, fleuriront une trentaine de... pipes, réalisées par des artistes liégeois. Original: les oeuvres devront servir de réceptacles pour déchets PMC...

Parmi les autres oeuvres - impossible de les décrire toutes ici, pour l'heure -: «Sur les pavés, la plage». On pourra littéralement marcher sur cette oeuvre collective dès le 18 mars, place des Vennes. A l'invitation du centre créatif «Atelier Graffiti», des citoyens de tous âges issus d'associations liégeoises ont peint, sur les pavés -

«symboles de la rue et de la défense des droits du citoyen» -, un signe, une forme, un mot. L'ensemble de ces expressions individuelles formera un mot croisé géant, une mosaïque colorée.

Dès le 25 avril, rendez-vous place Gabriel, en Roture. Ce lieu bien connu des fêtards mais longé d'un grand mur triste va être transformé sous l'impulsion de deux artistes liégeois, en collaboration avec les associations du quartier. De la rencontre des belles perspectives de l'architecte Gérard Michel - qui va aussi restaurer la façade - et des couleurs vives d'Olivia de San, jeune artiste peintre, naît un décor en trompe-l'oeil peint sur le béton. La grande façade devient l'avant-plan d'une cour dans laquelle on aperçoit quelques personnages évoquant l'histoire d'Outremeuse. Des miroirs reflètent le ciel et les passants...

La façade aveugle du 99, rue Saint-Gilles, va quant à elle accueillir 9 panneaux du peintre Luis Salazar. De la couleur et de l'expression artistique dans une rue qui en a bien besoin.

A venir également (sans être exhaustif) : une toile de Martin Mangelinck sur le mur de l'Athénée Liège 1; une photo de Michel Beine à l'îlot Saint-Michel; les panneaux peints d'Olivier Onclin, rue Saint-Hubert (Cadran); une sculpture murale de Benjamin Pailhe sur le pignon de la rue du Stalon; une fresque de Pogo sur les palissades de chantiers de la gare du Palais; des oeuvres peintes directement sur les murs: rue Delvoye (Didier Matthieu), rue Jonfosse (Sébastien Delchambre)... et bien d'autres. Même Julos Beaucarne s'y met: son «tipi post-industriel» sera installé en juin, parc Saint-Léonard.

Un conseil donc: lever (ou baisser) la tête et ouvrir l'oeil.

© La Libre Belgique 2003